Diversité naturelle
Ouvert d'esprit, érudit même, on peut se tromper...
Concernant le Maroc, voici des idées-reçues:
un pays aride, un paysage aussi sec que l'intérieur d'un paquet de farine, des étendues longues et monotones comme l'attente d'un train le jour d'une grève, des éternités de kilomètres d'ennui et de désolation à s'en taper des insolations et par ci par là, oh joie, la fiesta en ville.
Tutut: ce n'est pas comme ça!
Le Maroc? Difficile, non, impossible à saisir en fait, tellement qu'il y a à dire, décrire, décrier, peindre, plaindre, imager imaginer, aimer admirer.
Du coup, comment mettre ici sur cette page un texte intelligent, concis, to-the-point?
Ben....désolé, ce n'est pas faisable en fait...
De toute façon, les idées reçues en prennent un sacré coup dès le début - rien qu'en traversant le détroit de Gibraltar- et cela jusque Dakhla ou plus loin encore, des milliers de kilomètres plus "bas", à cheval entre les océans de roches ou de sable et l'Atlantique.
Ou jusqu'au sommet du Toubkal, des milliers de mètres plus haut, ou en plongeant dans les gorges du Dades, du Goun, en longeant le Drâa...
Un autre continent, un autre continent, un autre continent...: traverser les quelques kilomètres du détroit, aussi modeste soit sa portée physique, représente un catapultage dans un autre monde.
Le voyageur, plissant les yeux vers le Sud, quittera assez vite la ville (ou alors il est atteint de citadinite) et en montant l'Atlas, aimera se perdre aux travers des oueds, adrar, igherm, assif, aguelman, ifri, jebel, taghia, douar, ksar, azib...
Que de termes barbares! Berbères? Arabes?
Bien vite on comprend le sens de "Oued": ce que c'est, la valeur de l'eau.
Et tout naturellement viennent les liens de tout être humain: la paix, le bonheur, le merci et l'espoir que cela reste ainsi: Salam, Becher, Lébes, Choukran, Be'slama...
Faut se réaliser qu'on est sur un autre continent (comme déjà répété, voir plus haut trois fois en italique)
C'est bête dit comme ça, mais en fait non.
La remise en question des préjugés devrait laminer le dernier record du regard ébahi.
Yeux graaands ouverts, sourcils arc-en-ciel...l'étonnement submerge le voyageur dès ses premiers pas en Afrique.
Les points d'exclamations visuels semés en cours de route ne sont pas perdus: on les retrouve bien ancrés à la commissure des lèvres du sourire bienheureux de celui qui vit là, et qui ne pense qu'à vous le rendre.
D'autres habitudes, d'autres façons, d'autres...?
Une nature particulière?
Oui: une faune et flore - surprise! - éblouissante de richesse.
(les photomontages ci-dessus incluent des photos de Jean-Claude Vanier)
Parfois endémique: y a pas ailleurs.
Les arganiers par exemple (pourquoi là dans l'anti-atlas Nord-Ouest et pas autre part?)
Parfois acrobatique: une chèvre sur l'arganier, là en haut à 3 mètres.
OK, c'est déjà pas mal du tout, étonnant même.
Et quand vous vous frottez aux épines de cet arbre, vous pouvez logiquement vous poser la question de comment que c'est-il possible que cela?
Vérification faite (ça bouge), ce n'est pas une chèvre empaillée mise là juste pour épater.
Parfois énigmatique: pourquoi ces fourmis "surfantes" sur le sable meuble d'une dune passent-elles leur vie à déblayer l'entrée de leur HLM au lieu de déménager?
Parfois mélodique, comme les passereaux au chant inspiré, épique comme l'épervier survivant là où on ne voit que des cailloux.
Magnifique comme ce Tamaris multi-centenaire...pathétique comme le genévrier seul rescapé à flanc de colline, ou héroïque plutôt?
Lunatique, comme la météo qui peut réserver bonnes comme mauvaises surprises, comme le paysage qui d'un grand plateau monotone devient labyrinthe inextricable sur une poignée de kilomètres...
Parfois romantique...cela dépend essentiellement de vous.
Il y a des photos dans le site, des récits, des références dans les liens.
En résumé: cela regorge de vie! Luxuriante ou discrète, charmante parfois embêtante.
Par exemple à l'embouchure du Drâa, quand il n'y a pas de vent: les moustiques de souche vous apprennent que "bzzzzz" en arabe veut dire "bzzzzz" en français. Ils poussent le zzzzzzèle en expliquant les différences en dialectes berbères: "bzzzzz" et "bzzzzz" - respectivement pour la langue tamazight et la tachelhit - qui veulent dire la même chose en fait.
Question géologie, paléontologie, ornitho, spéléo etc...il y a de quoi assouvir ses passions aussi.
Inutile d'en faire l'éloge: les amateurs connaissent.
Faut venir voir!!!
Faut aussi que ceux qui ne connaissent pas sachent que les belles choses décrites et encensées voisinent des horreurs abominables!
La gestion des déchets...quelle gestion? Il n'y en a pas de faisable dans ce vaste territoire (une palme pour celui qui apporte la solution immédiate).
Les déchets ont changé de nature. Ils étaient parfaitement recyclables, ce n'est plus le cas maintenant: alu, verre et surtout plastiques s'accumulent autour des zones habitées.
Et bien plus loin, à des méridiens de toute civilisation, voilà le photographe qui ému de la beauté du paysage mise en boîte, vérifie son cliché en zoomant sur son écran à l'ombre d'un palmier.
"Tiens, c'est quoi ce truc noir là?" Réponse: un "corbeau", en fait un résidu de sac plastique qui voyage comme les milliards de ses compères.
"Zut alors...tiens? C'est quoi ces bouteilles plastoches encore?"
Le long des côtes, des milliers de kilomètres, il est impossible de faire une centaine (dizaine?) de mètres - comment donner un chiffre? - sans apercevoir une bouteille plastique échouée.
Ah la belle diversité: il y en a de toute couleur, même en toutes couleurs!
Neutre comme la plume d'une colombe, plus vert que l'écaille du lézard, plus frappant que le point rouge sur le bec orange du goéland, plus foncé que le noir des pattes du cormoran...
Des couleurs de plastiques qui restent encore maladivement ancrées comme une vilaine acné sur la terre si sexy (miss Terre de l'Univers?)
Peut-être que dans quelques années, le pétrole devenu si rare pour l'industrie d'hydrocarbures, la moindre bouteille échouée sera considérée comme "pépite", et que le photographe regrettera de n'avoir pas ramassé celles qui gâchaient son cliché.
Entre-temps, la population locale vit avec ces préoccupations, le visiteur doit en être conscient et à son tour respecter et aider à préserver cet environnement qui n'a pas demandé à subir nos caprices.